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Agroécologie & Vigne : produire autrement, durablement

L’agroécologie, un mot à la mode ? Peut-être. Un mot flou ? Plus vraiment. Chez nous, c’est une démarche concrète !

Qu’est-ce que l’agroécologie ?

Agroécologie, c’est la contraction d’agriculture et d’écologie. C’est l’idée simple mais vibrante d’appliquer les principes scientifiques de l’écologie à la manière dont on cultive. En clair c’est travailler avec le vivant. Derrière cette définition, une ambition : imaginer des systèmes agricoles qui s’appuient sur les fonctionnalités naturelles des écosystèmes (sols vivants, biodiversité, cycles de l’eau, etc.), tout en limitant leur impact environnemental (réduction des intrants pour plus de résilience).

Selon l’INRAE, l’agroécologie vise à « concilier performances économiques, environnementales et sociales ». Pour nous, cela passe par l’expérimentation, l’observation, l’innovation… et beaucoup de passion.

Pourquoi la viticulture a besoin d’être bousculée ?

La vigne, culture pérenne par excellence, est aussi fragile : maladies, sécheresses, pression des ravageurs… Historiquement, la réponse fut souvent chimique. Aujourd’hui, nous faisons un choix radicalement différent : favoriser les équilibres naturels plutôt que compenser leurs déséquilibres. Nous avons ainsi amorcé une transition agroécologique ambitieuse qui se distille sur l’ensemble du domaine.

L’agroécologie au domaine : 3 piliers concrets

Sol vivant, le choix des couverts végétaux (depuis 2017)

 

Un couvert végétal désigne une ou plusieurs espèces de plantes semées entre les rangs de vigne, de façon temporaire ou permanente. On y retrouve souvent : des légumineuses comme le trèfle ou la vesce, qui enrichissent le sol en azote grâce à leur symbiose avec des bactéries fixatrices ; des graminées telles que l’avoine ou la fétuque, qui produisent de la biomasse et structurent le sol par leurs racines ; et d’autres plantes à fleurs comme la phacélie ou la moutarde, qui attirent les insectes auxiliaires et pollinisateurs.

Mais plutôt que de choisir entre ces familles, nous préférons souvent les associer. Car c’est bien la complémentarité de ces espèces qui fait la richesse du système. Tout l’art est alors de composer des mélanges adaptés à chaque terroir… et c’est un défi que nous relevons avec passion, expérimentation après expérimentation.

L’objectif est clair : favoriser la production de biomasse et de matière organique, protéger les sols de l’érosion, stimuler la vie souterraine (vers, microfaune, champignons…) et réguler l’eau et les nutriments. Le tout, sans concurrencer la vigne, surtout en période de sécheresse — d’où l’importance de bien choisir les espèces, leur densité, et leur cycle.

Et puis, avouons-le… Il y a un plaisir simple mais réel à voir nos vignes fleurir de couleurs et de vie au fil des saisons!

 

Agroforesterie : remettre des arbres dans les vignes (depuis 2020)

 

Au détour d’un chemin, il vous est peut-être déjà arrivé de croiser une vigne grimpant le long d’un arbre, chacun trouvant sa place, en parfaite symbiose, puisant ressources nécessaires et l’arbre permettant à la vigne de se frayer une chemin vers la lumière source d’énergie vitale. 

cette relation si naturelle nous avons choisi de la réintroduire… là où on l’attend le moins : dans un vignoble de Saint-Émilion Grand Cru.

C’est ainsi qu’est née notre démarche d’agroforesterie viticole. Introduire des arbres dans la vigne n’a rien d’anodin. Les données scientifiques sur le sujet sont encore rares, et le recul limité. Quelques projets existent depuis une dizaine d’années, mais leurs résultats restent en cours d’évaluation.

Notre projet a donc été conçu comme une expérimentation à part entière, nourrie par :

  • l’expertise de Victor, paysagiste de formation et co-gérant du domaine
  • un partenariat étroit avec l’Association Française d’Agroforesterie (AFAF),
  • et de nombreux échanges avec d’autres domaines ayant engagé une transition similaire.

Après trois années de réflexion, de conception et de recherche, les premières plantations ont débuté en 2021 et se poursuivent aujourd’hui. À terme, 5 000 arbres et arbustes seront intégrés aux 25 hectares de notre vignoble.

Notre ambition est claire : faire émerger des références concrètes sur le choix des essences, leur implantation, leurs effets sur la vigne et les sols. Grâce à des protocoles de suivi et des indicateurs précis, ce projet vise à produire des résultats utiles à la recherche agronomique — et à d’autres vignerons désireux d’explorer cette voie.

Les Joualles : réinventer une tradition nourricière (2022 – 2025)

Sur une parcelle d’un hectare, nous réinterprétons un système agricole ancestral du Sud-Ouest : celui des joualles, où vignes, arbres fruitiers et cultures vivrières cohabitent sur une même surface.

Concrètement, le schéma est le suivant :

  • 6 rangs de vigne sont conservés,
  • puis 5 rangs ont été arrachés pour laisser place à des planches maraîchères,
  • une ligne d’arbres fruitiers (pêchers, petits fruits, plantes vivaces) est plantée au cœur de chaque séquence maraîchère.

À cela s’ajoutent deux serres canadiennes de 1 000 m² au total, intégrées entre les rangs de vignes. Avec leurs 5 mètres de hauteur, elles accueillent des arbres exotiques tels que des agrumes, toujours cultivés en association avec des cultures vivrières. Pour aller plus loin dans cette logique d’abondance, nous avons installé une grande treille de 800 m², nous permettant une production en 3 dimensions où salade, raisins, courges ou encore haricot vert cohabitent.

Ce système, à la croisée de l’agroécologie, de la recherche et de la production, vise à tester des associations culturales innovantes tout en assurant une rentabilité économique.

Chaque aménagement fait l’objet d’un suivi scientifique rigoureux, afin de produire des données concrètes pour évaluer la viabilité d’un système de Joualles d’aujourd’hui.

La Recherche : au cœur de notre démarche

L’agroécologie est une science en mouvement où la recherche joue un rôle central. Nous adaptons nos techniques, via des expérimentations menées seul ou en collaboration avec des instituts de recherche, des conseillers viticoles et des agriculteurs.

Observer, expérimenter, apprendre et transmettre font partie intégrante de notre ADN. Ninon, docteure en agronomie, pilote ces projets avec rigueur. Sa recherche vise à mesurer l’impact de nos pratiques innovantes sur la biodiversité, le paysage, la fertilité des sols, la santé du végétal et évidemment la qualité de nos vins, nos légumes et nos fruits. Plus largement nous participons à de multiples projets de recherches qui permettront d’acquérir de nouvelles connaissances et peut-être de nouvelles solutions pour garantir une agriculture toujours plus résiliente !

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